g.Lecaillon Ecocean

Interview Gilles Lecaillon, PDG d’Ecocean

« Les flotteurs d’éoliennes sont des opportunités pour la biodiversité marine »

Présentez-nous la société Ecocean que vous avez créée ?

« A Montpellier, où nous sommes implantés depuis la création en 2003, nous travaillons sur les jeunes stades de poissons. Nous y avons développé un savoir-faire unique, celui de la collecte et de l’élevage de post-larves pour une valorisation durable de la ressource marine et la conservation de la biodiversité des écosystèmes marins. Nous sommes aujourd’hui le leader mondial de cette technique

Et parmi les différents champs d’application de cette technologie, la restauration écologique du milieu marin. Ainsi, nous fournissons des solutions « clés en main » innovantes pour la restauration de l’écosystème marin, grâce au concept BioRestore pour le repeuplement multi-spécifique, et Biohut qui consiste à installer des habitats artificiels avec une fonction de nurserie.

C’est cette dernière technologie que vous avez proposé d’installer sur la ferme pilote d’EFGL ?

En effet, nous nous sommes positionnés dès 2016, avant l’appel à projets lancé par l’ADEME. Nous avons pris contact avec les opérateurs en considérant que les flotteurs des éoliennes ne sont pas des supports polluants mais bien des opportunités pour la biodiversité marine. Le consortium EFGL croit en l’éco-ingénierie pour mieux intégrer ses éoliennes offshores dans l’environnement et booster la capacité de production des poissons en faveur de la pêche. Ils nous ont fait confiance. Ensuite nous avons été en contact avec les ingénieurs de Principle Power Inc et d’Eiffage, partenaires industriels d’EFGL, afin d’imaginer avec eux la faisabilité technique de notre concept sur les flotteurs.

Pour répondre à certaines questions posées par les scientifiques, les pêcheurs ou même les citoyens, nous avons monté un projet de recherche baptisé ConnexSTERE, avec le partenariat scientifique du Centre de Formation et de Recherche sur les Ecosystèmes Méditerranéens (CEFREM) de l’université de Perpignan. Ce projet porté et cofinancé par Ecocean est aidé par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse à hauteur de 50% et bénéficie d’un soutien financier d’EFGL.

Concrètement, comment s’articule le programme ConnexSTERE ?

Ce programme consiste à faire une évaluation de la biodiversité marine entre un flotteur de surface installé au large dans la zone d’EFGL  et d’autres ouvrages côtiers comme les récifs artificiels, un port de plaisance et la lagune adjacente. Plus précisément, au travers de ce pilote ambitieux, nous proposons d’enrichir la compréhension des processus de connexions entre populations juvéniles et adultes de ces zones. Le pilote cherche ainsi à étudier les abondances et les espèces d’individus très jeunes, poissons et crustacés, que l’on peut rencontrer entre des zones aménagées au large, des zones intermédiaires et des zones de nurserie naturelles et artificielles.

Nous visons trois objectifs : évaluer la biodiversité, les possibles connexions entre le large, les récifs artificiels intermédiaires et la côte, et proposer des améliorations en matière d’écoconception des futures infrastructures offshore, et notamment celles d’EFGL au large de Leucate/Barcarès.

Pour valider ce programme, une phase expérimentale est lancée avec l’installation prochaine d’une bouée sur le site de la ferme pilote. Quelle sera sa fonction ?

Ce flotteur expérimental baptisé BOB (*) sera mis à l’eau en avril prochain pour une durée de deux ans. Conçu par Ecocean, il est fabriqué dans le même matériau (acier) que le futur flotteur de l’éolienne. Il embarquera 24 Biohut (plusieurs modèles) remplis de substrats variés. Il sera suivi par les scientifiques de l’université de Perpignan à raison de 4 contrôles par an. Les résultats obtenus renseigneront sur les espèces et les tailles d’individus que l’on pourrait rencontrer sur ces futures zones de flotteurs ».

 (*) Bouée d’Observation de la Biodiversité

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