Biodiversité marine : que se passe-t-il à 17 kilomètres de Leucate et le Barcarès ?

Rencontre avec… Gilles Lecaillon, Fondateur et Président d’ECOCEAN

ECOCEAN se dédie à aider la biodiversité marine à se régénérer. C’est en Méditerranée que, depuis plus de 10 ans, elle s’est spécialisée en ingénierie écologique. Curieux de son action, nous sommes allés à la rencontre de Gilles.

« La Méditerranée subit de nombreuses pressions. Nous avons la chance, sur la côte française, de bénéficier des mesures prises ces 30 dernières années visant à améliorer la dépollution des eaux usées. Essayer de réparer nos petits fonds marins côtiers a pris tout son sens. »

Éoliennes flottantes et biodiversité… Terra incognita

« Nous avons acquis une bonne compréhension de la biodiversité côtière, de ce qui se passe dans les ports, les marinas. Mais qu’allait-il se passer sur des éoliennes flottantes, ces nouveaux écosystèmes artificiels à 15 ou 30 kilomètres de la côte ? Une situation que personne au monde n’avait étudié ! »

Une nouvelle idée a germé…

 « Nous nous sommes rapprochés des projets pilotes d’éolien flottant. Nous avons été entendus par Ocean Winds [NDLR : l’un des deux actionnaires du projet EFGL, avec la Banque des territoires] pour se lancer ensemble dans un projet de recherche, plus de 5 ans avant l’installation des fermes pilotes en mer ! »

C’est alors que Gilles nous a présenté BOB

 « Nous avons conçu et installé une Bouée d’Observation de la Biodiversité marine. Elle flotte depuis juin 2019 sur le futur site des éoliennes d’EFGL, équipée de Biohut*… de petites nurseries à poissons déjà éprouvées dans les ports. En tant que biologiste marin, je connais bien les étapes du cycle de vie des espèces marines ! Les œufs et les larves se dispersent au sein des masses d’eaux océaniques, c’est la façon de coloniser de nouveaux territoires pour les animaux marins. Mais lesquels vont s’intéresser aux éoliennes au large de Leucate et le Barcarès ? »

BOB a livré une partie de la réponse : plus d’une cinquantaine !

« 15 espèces de poissons, 35 espèces de mollusques, de crustacés ou d’oursins… Dont des espèces « intéressantes » pour l’écosystème, ainsi que pour l’économie. Certaines sont des espèces côtières, on ne savait pas qu’on en trouverait à cette distance. D’autres sont rares en Méditerranée (les coquilles Saint-Jacques, par exemple). On sait aussi qu’aucune espèce invasive n’a été repérée. Finalement, la ferme EFGL devient une opportunité pour développer la biodiversité sous-marine ! »

L’innovation est mon ADN…

« Innover, tester quelque chose qui n’a jamais été fait et contribuer au futur… j’en suis fier. Les développeurs d’Ocean Winds et du projet EFGL nous ont fait confiance. Ainsi nous avons posé une première pierre de connaissances pour les milliers d’éoliennes flottantes à venir. »

Une petite confidence… une tendresse pour une de ces espèces ?

J’ai une affection particulière pour des individus tout petits… J’adore observer les bébés Sars, petites larves de 1 à 2 cm qui vont prendre de belles couleurs en quelques semaines. Quand un plongeur vient les prendre en photo, on a l’impression qu’ils posent. »

Merci à Gilles Lecaillon pour cet échange !

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*Biohut : habitats artificiels offrant le gîte et le couvert afin de favoriser le taux de survie des larves et ainsi redonner la fonction de nurserie à des zones potentiellement endommagées par l’homme

Photo : Alizée Frezel

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