Rencontre avec… Nicolas Peignet, Chargé de mission pêche pour EFGL
La mission de Nicolas consiste à assurer un espace d’échange avec les usagers en mer, en particulier les pêcheurs professionnels, en tenant compte des enjeux socio-économiques de ces activités. Il est aussi en charge de la coordination de plusieurs suivis environnementaux du projet EFGL, en particulier celui du comportement de la ressource halieutique* (et autres espèces marines) aux abords de la ferme pilote. Son travail permet de favoriser le développement des connaissances sur le milieu marin local.
« Ce que je trouve intéressant, avec la mission qui m’a été confiée depuis 2016, c’est la place importante qui est donnée au dialogue avec les parties prenantes et les efforts qui sont fait par LEFGL pour intégrer le projet en fonction des sollicitations des usagers de la mer. Par ailleurs, la technologie du flottant en est à ses débuts en Méditerranée et nous sommes amenés à réaliser des études environnementales totalement inédites à cette distance des côtes et sur ce type de site. »
Le laboratoire de Nicolas… partir à la pêche
« Nous avons mis en place des pêches scientifiques par chalutiers, la technique de pêche la plus pratiquée aux abords de la zone du parc. La difficulté dans le suivi du comportement des espèces halieutiques réside dans la variabilité interannuelle importante, c’est-à-dire que d’une année à l’autre, les espèces trouvées dans le secteur du parc peuvent être assez diverses et en quantités variables. Afin de compléter la photo « avant l’installation du parc », nous réalisons en 2022 et 2023 une année dite d’état de référence pour compléter le premier inventaire menée lors de l’établissement de l’état initial de l’environnement en 2018.
Afin d’évaluer un potentiel impact du parc, nous pourrons comparer ces données à celles qui seront recueillies après l’installation des éoliennes. »
De belles rencontres sous-marines
« Les espèces qu’on retrouve lors des campagnes de pêche aux abords de la zone sont la Baudroie rousse, le Barbue, le Sar à tête noire, le Merlu, le Pageot commun, le Grondin, le Poulpe de vase (Elédone), l’Encornet… En 2018, 63 espèces différentes avaient été identifiées lors des campagnes en mer pour l’ensemble du projet (parc et câble de raccordement).
Ces inventaires permettent parfois de préciser des cartographies d’espèces comme pour le Syngnathe vert qui n’était pas signalé comme potentiellement présent dans cette aire d’étude d’après la littérature scientifique. C’est un petit poisson osseux proche de l’hippocampe mais avec un corps d’aiguille, assez reconnaissable.
Faire l’inventaire des profondeurs
« Avec la pêche au chalut, nous inventorions surtout des espèces dites « bentho-démersales » [NDLR : vivant sur le fond ou entre deux eaux, proche du fond]. Pour augmenter les connaissances d’autres strates de la colonne d’eau, EFGL a proposé d’équiper ponctuellement les futures éoliennes de caméras sur les flotteurs, couplées à un suivi des bancs de poissons par écho-intégration (sonar), c’est une proposition conjointe du parc marin du golfe du Lion, de l’Université de Perpignan et des pêcheurs professionnels qui a été retenue par le Comité de suivi.
Nouer de vrais partenariats
« Les sorties sont organisées avec des pêcheurs locaux, dans le cadre d’une convention signée avec les représentants des pêcheurs professionnels (CRPMEM Occitanie). C’est une autre facette de ma mission : créer des liens avec les parties prenantes, une relation de confiance durable. »
Une petite confidence… une tendresse pour une espèce marine en particulier ?
« Le thon rouge ! C’est une espèce emblématique et patrimoniale du golfe du Lion. Une prise adulte moyenne mesure environ 1,10 m, de 30 à 50 kilos (parfois bien plus !). Il peut faire le tour de la Méditerranée, et on le trouve aussi en Atlantique. Il nage vite, avec des pointes à 100 km/h et plonge jusqu’à 1000 m de profondeur, ce qui est remarquable. Les pêcheries au thon rouge sont très encadrées et des pêcheurs d’Occitanie s’engagent même aujourd’hui dans des certifications de pêcheries au thon éco-labellisées pour les ligneurs et palangriers. On en retrouvera peut-être sous les flotteurs des éoliennes une fois que la vie sous-marine s’y sera développée… »
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*Poissons, coquillages, céphalopodes (calamar, seiche…) et crustacés
Photo : P. Louisy / Peau Bleue